Le monde entier vit en ce moment une période charnière de son évolution et peut-être même l’une des plus difficiles. La pandémie de la Covid-19 qui sévit actuellement a des répercutions encore plus néfastes que celle de la grippe espagnole qui fut la dernière pandémie d’amplitude planétaire en 1918-1919. Si cette crise est sanitaire à la base, elle a cependant des ramifications importantes et presque drastiques sur tous les aspects de la vie sociale et le monde des entreprises n’en est pas épargné.
La Covid-19 et l’évolution des pratiques de travail
A l’observation, on peut aisément noter que la plupart des entreprises et surtout celles de petite taille n’étaient pas préparées pour faire face aux exigences de gouvernance qu’impose le contexte actuel. La Covid-19 et la nécessité du confinement a bouleversé les flux économiques, marchands et modifié le système d’organisation du travail à l’échelle mondiale, invitant les entreprises à s’adapter, à réorienter leur vision du travail classique pour migrer vers des formes de travail plus flexibles, et ainsi assurer la continuité de la production des biens et services. On parle de la digitalisation ou encore du télétravail comme étant la panacée qui pourrait aider les entreprises à faire face à cette situation critique.
Un contexte des affaires en constante détérioration
Tout semble aujourd’hui indiquer que l’on ne sortira pas du tunnel de sitôt. Nonobstant la panoplie des mesures prises pour endiguer la propagation du virus dans le pays, le pic des contaminations grimpe de jour en jour. Par ailleurs, la situation des entreprises se détériore progressivement en même temps. Un rapport du Gicam datant de mai 2020 indiquait que plus de 53% de petites entreprises pourrait déposer leur bilan d’ici trois mois, si rien n’est fait pour les accompagner et soutenir leur trésorerie et leur croissance. Mais il faut dire qu’au-delà de la problématique du soutien ou de la disponibilité financière, ce qui est en jeu primordialement c’est la capacité à pouvoir continuer à produire du travail pour créer de la valeur qui elle seule garantit la pérennité. En outre, le chômage va grandissant et côtoie des sommets inquiétants même dans les pays les plus développés. Les secteurs tels que l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment, etc. atteignent le seuil de 50% de chômage à ce jour.
Le digital: état des lieux et freins à la digitalisation
La question du digital dans le contexte actuel renvoie inéluctablement à la notion de télétravail. Le télétravail étant le travail qu’on peut effectuer à distance, loin du lieu de travail habituel via des outils numériques ou digitaux. Le constat alarmant qu’on peut faire est que bon nombre d’entreprises camerounaises ont été incapables de s’appuyer sur le digital pour poursuivre leurs activités sinon optimiser leur performance. Il y a donc une réelle carence en digitalisation dans nos entreprises. La fracture numérique qui ne s’améliore pas véritablement contribue à nourrir cet état précaire.
Les statistiques révèlent notamment un taux de pénétration internet de 25% en Afrique. Aussi, si bon nombre d’entreprises et principalement celles de petite taille n’ont pas toujours les moyens pour développer et mettre en place des technologies de télétravail, il faut aussi reconnaitre que les outils digitaux tels que les CRM managériaux et les logiciels de visio-conférence demeurent encore peu répandus et très peu démocratisés. Il y a également cette culture absolue du travail en présentiel qui a montré ses limites et est fortement remise en cause. Il faut donc penser l’entreprise future sous les signes de la dématérialisation et de la digitalisation qui s’impose aujourd’hui comme un levier incontournable de la performance et de la compétitivité.
La nécessité de se digitaliser pour s’adapter et survivre
Les entreprises les plus résilientes qui réussissent aujourd’hui à résister efficacement sont assurément celles qui ont réussi leur révolution numérique soit avant, soit sous la pression de la Covid-19. Mais tout compte fait, l’entreprise de demain indépendamment des secteurs d’activité est une entreprise qui devra fortement être digitalisée.
Cette crise donne ainsi l’opportunité aux entreprises camerounaises de mieux planifier et combler leur manque de culture et de compétences numériques et ainsi de réduire la fracture numérique territoriale. Il s’agit d’une vision et d’un processus qui pourra se mettre en place progressivement en fonction des moyens de chaque entreprise. Mais il faudra toutefois y aller à grand pas car, la prochaine crise pourrait être demain. La transformation digitale loin d’être une tendance est donc une question de survie pour les entreprises.
Par Davy Djomeni